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Violences faites aux filles

Les violences faites aux filles s’inscrivent pleinement dans le continuum des violences faites aux femmes, produit des inégalités actuelles entre les femmes et les hommes. Bien que de plus en plus médiatisées et faisant l’objet de politiques publiques spécifiques, les filles (15 – 24 ans) ne se sentent pas concernées par les campagnes de lutte contre les violences faites aux femmes, spécifiquement dans le cadre de relations conjugales. Juliette Thatcher analyse notamment les difficultés de conscientisation des jeunes filles quand elles se retrouvent face à des stratégies d’emprise propres à ces violences.

Le jeune âge est pourtant considéré comme un facteur aggravant quant à la probabilité qu’une femme soit victime de violences selon l’enquête virage, parue en 2021, référence française en matière de lutte pour l’égalité et contre les violences.

Les professionnel.les entendues font état d’un manque d’outils de communication à l’intention des jeunes. Le peu de publications scientifiques autour de ce sujet illustre l’impensé institutionnel de cet angle de vue, entraînant une invisibilisation du phénomène.

Plusieurs spécificités concernant les filles ressortent de cette étude :

  • La romantisation de la jalousie entraînant une banalité des comportements violents au sein du couple, alors appréhendés comme une preuve d’amour
  • Les difficultés pour les filles d’établir des limites sur ce qu’elles peuvent accepter ou non au sein du couple, sous le prisme de la culture du sexisme et du viol véhiculées par la société
  • Le risque accru d’être victimes de cyberviolences

En s’appuyant sur les travaux de Juliette Thatcher et les professionnel.les sur lesquel.le.s cette dernière s’est appuyé, un groupe de travail sur le sujet se réunit depuis 2023 pour réfléchir notamment à un projet de communication à l’intention des jeunes sur les violences spécifiques envers les filles de 15 à 25 ans.

Le travail de mémoire de Juliette Thatcher est disponible dans son intégralité dans la rubrique ressources de ce site.

Le groupe de travail de l’Observatoire

Objectifs

• Multiplier la prévention à la vie relationnelle, affective et sexuelle pour que dès le plus jeune âge, les relations soient consenties, éclairés et égalitaires
• Mettre en lumière la notion de violences psychologiques, souvent décrites dans les relations des plus jeunes
• Combattre le sexisme dès sa construction
• Engager les pouvoirs publics à prendre en compte les violences au sein du couple dès le plus jeune âge pour endiguer l’invisibilisation du phénomène
• Visibiliser les violences faites aux filles pour éviter la minimisation des actes subis

Freins identifiés par les professionnel·les

• Opposition des parents à aborder le sujet de la sexualité et des violences dans le cadre scolaire
• Non-respect de la Loi Aubry de 2001 : alors qu’il est nécessaire de privilégier la prévention primaire
• Tendance à cantonner la prévention au milieu scolaire alors que les jeunes ne sont pas toustes scolarisé.es
• Les jeunes filles se heurtent à des problèmes de crédibilité des professionnel.les non formé·es à qui elles s’adressent. Surtout dans le cadre de parcours dit d’errance, résultant de violences vécues tout au long de leur parcours. Plus les filles sont fragilisées, plus leur parole est remise en cause par les adultes référents : jeunes venant de MECS, de l’ASE, de la PJJ, victimes de faits antérieurs, situation de handicap… alors que la prévalence de subir des violences dans ce cadre est plus importante que chez d’autres jeunes filles.

Premiers travaux

Pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l’usage d’un vocabulaire précis et inclusif est primordial afin que les jeunes filles se sentent concernée. Parler des violences faites aux filles permet de nommer ces réalités de manière claire et de ne pas les limiter aux violences intrafamiliales, qui ne représentent qu’une partie des violences vécues par les adolescentes. De nombreuses filles ne se considèrent pas dans des relations de couple au sens sociétal du terme. Elles sont néanmoins victimes de violences sexistes, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles dans le contexte du couple, comme de l’espace public.

Dans un premier temps, les professionnelles présentes au groupe de travail constatent qu’il existe peu de lieux d’accueil spécifiquement pour les filles, en non mixité dans l’Hérault. La mixité de l’accueil à l’égard des adolescent·es a pour conséquence une invisibilisation des filles dès l’âge de 13-14 ans. Les garçons ont tendance à s’imposer dans l’espace, s’octroyant le temps de parole, les espaces de sociabilisation et de visibilité. Les filles, quant à elles, sont reléguées en périphérie, tant dans la prise de parole que dans l’occupation physique des lieux, ce qui contribue à une marginalisation progressive de leurs besoins et leurs voix dans l’espace commun, peu propices à l’émergence de paroles de victimes.

Le premier travail du groupe a été d’établir un recensement des structures d’accueil sur le département afin de les intégrer à la carte dynamique sur le site de l’Observatoire sous un onglet spécifique. Ce travail de cartographie permet de pouvoir orienter des filles victimes, mais également de constater que certaines zones du département n’ont pas ou peu de structures d’accueil et ainsi mettre en avant les inégalités territoriales.

L’invisibilisation des violences faites aux filles a également comme conséquence la difficulté à chiffrer spécifiquement le nombre de victimes. Le choix a donc été fait par le groupe de travail de s’orienter vers une approche qualitative, en écoutant et analysant des récits individuels de jeunes filles pour mieux comprendre l’ampleur et la nature des violences subies, souvent normalisées ou banalisées dans leur quotidien.

Pour aller plus loin, idées lectures, orientations et écoute

A lire

  • « Les violences faites aux filles : violences sexistes et sexuelles dans les relations des jeunes de 15 à 25 ans. Focus sur le département de l’Hérault », Juliette Thatcher, mémoire de master2 Intervention et développement social, Université Paul-Valéry Montpellier 3, 2022
  • « Les choses sérieuses – enquêtes sur les amours adolescentes », Isabelle Clair, Seuil 2023 :

Isabelle Clair plonge dans les dynamiques des relations amoureuses entre adolescents. Elle explore la manière dont ces relations sont influencées par des normes sociales et des représentations genrées, souvent ancrées dans des attentes culturelles rigides. Le livre examine comment les jeunes filles et garçons sont confrontés à ces pressions et aux contradictions entre autonomie et attachement émotionnel dans leurs premières expériences amoureuses.

  • « Ce que nos filles ont à nous dire », Florence Pagneux, Editions la mer salée, 2022

Florence Pagneux donne la parole à des adolescentes, leur permettant d’exprimer leurs ressentis et expériences face aux défis contemporains. Ce livre montre les préoccupations des jeunes filles face aux stéréotypes de genre, à l’injustice sociale, et à leur place dans le monde. Il offre un regard pertinent sur la façon dont elles se définissent dans un monde où les attentes sont souvent sexistes.

  • « La réputation. Enquête sur la fabrique des filles faciles », Laure Daussy, Editions les échappées, 2023

Laure Daussy traite de la stigmatisation des filles dites « faciles », en montrant comment la réputation se construit socialement et la pression que cela impose aux jeunes filles. Ce phénomène participe à un contrôle social sur leur corps et leur sexualité. Cette enquête met en lumière l’influence des réseaux sociaux dans la création et la diffusion des réputations négatives.A consulter

  • « Le harcèlement dans l’espace public : L’expérience des jeunes filles cis et trans entre 14 et 24 ans » sondage EMBARGO – 2020 – Enquête produite par Les Glorieuses pour la newsletter Les Petites Glo : disponible ici

Ce sondage réalisé par Les Glorieuses révèle la fréquence et l’impact du harcèlement de rue sur les jeunes filles, qu’elles soient cisgenres ou transgenres. L’étude montre que le harcèlement dans l’espace public est une expérience commune et souvent traumatisante, et examine les différences entre les expériences des jeunes filles cis et trans. Le rapport pointe également un manque de réponse adéquate face à ces agressions.

A écouter

Ce projet vise à expliquer le vocabulaire et les expressions populaires parmi les adolescents. C’est une ressource utile pour comprendre les codes linguistiques des jeunes et la manière dont ils utilisent le langage pour exprimer des concepts liés à leur vie quotidienne, y compris les relations amoureuses et amicales.

  • Maternelle dégenrée : le podcast qui veut remettre en question les stéréotypes de genre dès l’école maternelle !

Ce podcast vise à remettre en question les stéréotypes de genre dès la petite enfance. Il explore comment ces stéréotypes se forment très tôt et influencent la manière dont les enfants se perçoivent et perçoivent les autres. En abordant le sujet dès l’école maternelle, ce podcast cherche à encourager une éducation plus égalitaire et à éviter que les jeunes filles et garçons ne se sentent enfermés dans des rôles traditionnels.

A regarder

  • #AmourSansViolence est une campagne de sensibilisation et de mobilisation numérique contre les violences au sein des relations amoureuses à destination des jeunes de 15 à 25 ans
  • Série SKAM France

Outils ressources

Instagram

Sites internet

 

  • Le Numéro Vert National du Planning familial ”Sexualités, contraception, IVG” 0800 08 11 11

LES MEMBRES ACTIFS DU GROUPE DE TRAVAIL

Le Préfet de l'Hérault est partenaire de l'Observatoire  Départemental des Violences Faites aux Femmes
Le Département de l'Hérault est partenaire de l'Observatoire  Départemental des Violences Faites aux Femmes
La Caf de l'Hérault est partenaire de l'Observatoire  Départemental des Violences Faites aux Femmes
L'université Paul-Valéry à Montpellier est partenaire de l'Observatoire départemental des violences faites aux femmes